Cette partie du site est destinée à partager mon point de vue sur différentes pratiques et habitudes que l'on retrouve dans le milieu de l'élevage en général et l'élevage de rongeurs en particulier. Cette transparence permettra, je l'espère, d'établir une confiance mutuelle entre moi, mes adoptants et les autres éleveurs.

Je ne prétends pas détenir la méthode infaillible pour bien élever des souris, cependant j'essaye de faire de mon mieux en fonction des éventualités qui s'offrent à moi.
Il est possible que vous ne partagiez pas toujours mon avis, gardez tout de même à l'esprit que mes choix sont toujours guidés par mon attachement à mes souris et par mon intéret pour la préservation et l'amélioration des variétés existantes et plus particulièrement des variétés dites "nues" chez la souris de compagnie.


Mes reproducteurs :

Show mice :
> Les souris de Show que je croise avec mes nues sont choisies très soigneusement. Je fais tout mon possible pour trouver mes reproducteurs sur de bonnes lignées, chez de bons éleveurs.

Nues (hairless & fuzz) :
Il est très difficile de trouver des souris nues et fuzz alors lorsque j'ai besoin de nouvelles nues pour éviter une reproduction consanguine inutile sans perdre le nu, je vais en chercher là où il est possible d'en trouver.

> En ce qui concerne les nues (hairless), je peux être amenée à adopter chez des éleveurs en gros. Si j'en vient à choisir cette solution c'est que je ne trouve rien chez des particuliers.

Ce n'est pas une solution de facilité, pour le moment c'est la seule option que j'ai trouvé après avoir écumé les petites annonces, les forums et les sites de passionés.

Lorsque le nu (hairless) sera assez répandu chez les particuliers, alors je n'aurais plus de raison d'adopter sur des lignées dont je ne sais rien, ce qui m'arrangera beaucoup...

> Les fuzz sont plus répandues chez les éleveurs particuliers, mais surtout à l'étranger (Hollande, Allemagne, Belgique, Angleterre, Suède...).
Il n'est pas toujours facile pour moi de connaitre la généalogie complète et l'historique sanitaire des lignées que j'adopte lorsque la personne en face parle le néerlandais ou l'allemand. Cependant grace à l'anglais, je réussis quand même à obtenir beaucoup d'informations, mais il est possible qu'il m'en manque.


Adoptants :

Mineurs :
> Je refuse toutes les adoptions aux mineurs, je ne discute des conditions d'adoption qu'avec leurs parents (parce que ce sont eux qui décident du sort de la souris en cas de soins véto, abandon...).
Si les parents du mineur ne semblent pas concernés par l'avenir de la souris qu'ils souhaitent adopter pour leur enfant / ado, quelque soit la motivation de l'enfant ou de l'adolescent : Je refuse l'adoption.

Personnes impolies, menaçantes, vulgaires... :
> Je refuse l'adoption. Leur comportement avec les humains ne signifie pas qu'elles s'occupent mal de leurs bêtes, seulement si il est impossible de communiquer avec ces gens : je ne pourrais pas obtenir les informations qui me sont nécéssaires pour le suivi de mes lignées tout au long de la vie de l'animal que je leur aurait confié.

Personnes non-coopératives :
> Je refuse l'adoption à ceux qui refusent de s'engager à respecter un contrat d'adoption ou qui y sont réticents
Exemple d'adoptant non-coopératif :
- " Mais ça fait grand 600 cm² par souris ! Ma précédente souris à vécu toute sa vie dans une cage de 150cm², elle s'en est toujours bien accomodée et est morte de vieillesse à 8 ans sans avoir jamais été malade, je ne vois pas pourquoi je changerais de cage !"
(J'exagère exprès)

> J'annule les réservations prises par des adoptants ne faisant pas le nécéssaire pour organiser la récupération de leur(s) souris. Je ne peux pas me permettre de patienter indéfiniment, j'entreprendrais une procédure de replacement après en avoir informé l'adoptant, si je vois qu'il ne respecte pas ses engagements.

> Je refuse l'adoptions aux gens n'ayant pas respecté les clauses du contrat d'adoption lors d'une précédente adoption chez moi et ils sont systématiquement ajoutés à ma liste noire.

Terrariophiles et amateurs d'animaux se nourrissant de proies entières (vivantes ou mortes) :
> Aucune souris de cet élevage n'est destinée à servir de repas à un autre animal, ou de servir de reproducteur dans le cadre d'un élevage à but alimentaire pour d'autres animaux.


Rehoming :

> Comme je souhaite garder un petit nombre de souris chez moi pour pouvoir les protéger, les soigner et les sociabiliser au mieux, il est possible que je pratique le rehoming de temps en temps.
Lorsqu'on fait de l'élevage, on est ammené à garder des reproducteurs très intéressants pour le futur des lignées, mais avec lesquels on a pas d'affinité particulière. A contrario, il arrive qu'il naisse des souris qui ne pourraient pas apporter grand chose à la lignée, mais auquelles on s'attache très fort...
Comme mes souris resteront toujours des animaux de compagnie avant tout, je serais sans doute amenée parfois à replacer un reproducteur pour lequel je n'ai pas de "craquage" pour laisser la place à ceux qui me feront fondre.

> Si je n'arrive pas à placer des souris, je les gardes et j'arrête de prévoir des portées en attendant que mon effectif réduise de manière naturelle par le décès de mes plus vieilles souris.

Soins vétérinaires lourds :

Ablation des tumeurs :
> Je fais retirer les tumeurs avant qu'elles ne deviennent une gène pour la souris.
> Les tumeurs sont gènantes pour la souris, se développent vite et peuvent s'infecter et nécroser : Si une souris souffre du tumeurs récidivantes, je peux être amenée à décider de la faire euthanasier lorsque ses conditions de vie deviennent difficiles, sur l'avis de mon vétérinaire.

Euthanasie :
Avant de décider d'euthanasier une souris, je fais le nécéssaire pour essayer de la sauver : Vétérinaire, traitement, opérations...
> Je ne suis pas une adepte de l'acharnement thérapeutique qui finit par épuiser les souris jusqu'à la mort dans des conditions de vie souvent très difficiles pour elles. (Une souris très malade doit être séparée du groupe pour éviter qu'elle ne soit prise comme souffre-douleur. Parfois il faut l'isoler dans une autre pièce s'il y a un risque de contamination, c'est une situation très mal vécue par les souris qui sont des animaux grégaires, principalement par les femelles). Certaines peuvent même se laisser dépérir à cause de l'isolement.
> Après avoir demandé l'opinion de mon vétérinaire, je peux donc décider d'euthanasier des souris qui ne semblent pas pouvoir être guérie et pour lesquelles les soins quotidiens deviennent une lente agonie.
> Pour sauver une maman qui ne semble pas capable de supporter l'élevage d'une portée trop nombreuse, ou pour éviter des souffrances inutiles aux bébés si la maman n'a pas (assez) de lait, je peux être amenée à devoir choisir d'euthanasier une partie ou l'intégralité d'une portée (voir "culling"). J'espère sincèrement ne pas être amenée à devoir prendre cette décision.

Césarienne :
> Je l'ai déjà fait pratiquer sur une de mes souris (Perséphone, texel BM cinnamon) dont le travail s'éternisait et cela lui a sauvé la vie. J'ai même eu la chance de réussir à sauver 2 bébés de sa portée (BDL PDC, texel noir et BDL Hémoglobine, angora agoutie), je le referai donc sans hésiter si le cas se représentait.

Stérilisation des mâles (castration) :
> Comme toutes les opérations sous anesthésie générale, la castration comporte des risques, mais le confort de vie qu'elle peut apporter aux mâles bénéficiant de cette intervention n'est pas moindre.
> Je ne pense pas l'utiliser de manière systématique, mais je trouve que c'est une bonne pratique. Cela permet aux mâles non destiinés à la reproduction de trouver une place dans un groupe de femelles et d'avoir la chance de vivre une vie sociale de souris normale sans les inconvénients qui vont avec (portées à répétition / bagarres).
C'est pourquoi, je proposerai cette solution aux adoptants qui souhaiteraient adopter un mâle mais seraient freinés par l'idée de lui réserver une cage individuelle.

Stérilisation des femelles (ovariectomie) :
> Comme toute opération sous anesthésie générale, elle comporte des risques pour la souris, d'autant plus pour les femelles car les opérations qui nécéssitent l'ouverture de l'abdomen augmentent les risques d'hypothermie. Et puis de toute façon, les femelles n'ont pas besoin de stérilisation pour être capable de vivre en groupe.
> Sauf en cas de nécéssité médicale (infection de l'uterus, césarienne ou autre problème nécéssitant une ovariectomie.), je ne compte pas stériliser mes femelles. Je ne propose pas la stérilisation des femelles à mes adoptants, mais je leur donne des conseils pour éviter des portées non-désirées.

Sélection / Techniques d'élevage :

Culling :
C'est la technique de l'euthanasie d'une partie des jeunes. Si cette technique ne joue pas sur la sélection, elle permet 2 choses :
1) Garantir la santé de la maman et d'une partie des bébés dans le cas où la maman serait incapable de gérer une portée trop grande pour elle*.
2) Permettre à l'éleveur de contrôler de façon certaine le nombre d'animaux vivant de manière permanente à l'élevage et de limiter les coût d'élevage de ses portées en ne laissant vivre que les bébés qui seront adoptés à coup sûr.

En pratique, cela consiste à euthanasier à la naissance les petits "en trop" dans une portée. Soit pour sauver l'autre partie de la portée et la mère, soit pour éviter d'avoir à placer des animaux ne présentant pas de caractéristiques intéressantes pour les adoptants.
Dans le deuxième cas, il arrive que des éleveurs attendent un peu pour décider lesquels sont les plus prometteurs pour euthanasier les autres, j'ai vu cette pratique être utilisée dans un élevage de chiens ou l'on euthanasiait les chiots présentant une mutation (ici il s'agissait d'une couleur de pelage) ne respectant pas les standards de la race.

Ce que j'en pense : L'euthanasie des nouveaux-nés, ne devrait être pratiqué que pour raison médicale :
> soit pour sauver la mère qui s'épuiserait à élever une portée trop nombreuse jusqu'à risquer d'en mourir.
> soit pour permettre à une partie de la portée de survivre (en cas de manque de lait par exemple).
> soit pour éviter des souffrances à un bébé présentant de graves malformations ou troubles de santé.
Je n'ai pas l'intention d'utiliser cette technique dans d'autres cas, même pour mes portées exclusivement programmées pour produire des "porteurs" qui ne présenteront pas beaucoup de caractéristiques attrayantes pour d'éventuels adoptants.
Je préfère me casser la tête à essayer de placer des petits noireaud poilus, plutôt qu'à mettre au congélateur des bébés en pleine santé qui auraient pu devenir de formidables compagnons.

*Le nombre de bébés correspondant à "portée trop grande" varie en fonction des capacités de la femelle à gérer tel ou tel nombre de bébés et non pas en fonction d'un chiffre standard fixé de manière arbitraire par un organisme ou par un éleveur. Par exemple, un éleveur qui dirait "je ne laisse que 6 bébés maximum par femelle" serait en train de simplifier le procédé et pas forcement pour le bien de ses souris, certaines sont tout à fait capable de gérer plus de 12 bébés sans perte d'énergie tandis que certaines femelles peinent à élever 4 petits.


Out breeding : technique d'élevage consistant à aller chercher des souris sans liens de parenté, sur des lignées étrangères, pour les croiser avec la lignée à travailler pour apporter du "sang neuf".
Ce que j'en pense : Il s'agit de la technique idéale pour les races / types / variétés représentées par un grand nombre d'individus. C'est aussi la technique d'élevage la plus courrament utilisée de nos jours, l'avantage principal est de se préserver des risques de la consanguinité qui peut favoriser la sélection de défauts génétiques. Cependant elle a l'inconvénient de donner des résultats instables, car elle complique aussi la sélection des qualités d'une lignée.

Line breeding : Technique d'élevage impliquant un taux de consanguinité** relativement bas, visant à utiliser les gènes d'un parent éloigné ayant présenté de nombreuses qualités pour les "réinjecter" dans la lignée et ainsi renforcer ces qualités chez les bébés obtenus grace à ce croisement. Le Line Breeding est très utilisé chez les chevaux, les chiens et les chats.
Ce que j'en pense : On obtient généralement de bons résultats avec cette technique, mais si la consanguinité fixe les qualités d'une lignée, elle en fixe aussi les défauts. Il faut la manier avec prudence.

Inbreeding : Technique d'élevage impliquant un taux de consanguinité** relativement élevé. Les objectifs sont les mêmes que pour le Line breeding, mais en utilisant des individus très proches dans l'arbre génélogique. Père-fille, frère-soeur...
Ce que j'en pense : L'avantage de cette technique, c'est qu'on s'apperçoit très vite des forces et des faiblesses d'une lignée. L'inconvénient, c'est qu'il est parfois difficile de revenir en arrière si la lignée porte des défauts importants. Cependant, utilisée avec modération et sur des lignées saines, cette technique peut donner de bons résultats.

Mon choix : Un éleveur à ces dernières techniques à sa disposition. Cependant, pour certains types d'animaux rares, le choix se trouve restreint. En effet, plus la caractéristique que l'on souhaite retrouver chez les bébés est difficile à trouver, plus il est compliqué d'éviter la consanguinité**.

Ayant choisi de me concentrer sur les nues, presque impossible à trouver en France, je me retrouverais certainement dans l'obligation d'utiliser les 3 techniques présentées ci-dessus si je ne veux pas sans arrêt reculer dans ma sélection en ré-injectant des gènes de nues de petite taille, fragiles de santé et d'origine inconnue...

** Seul un éleveur expérimenté et documenté peut mesurer les risques et les avantages des pratiques incluant la consanguinité. Pour éviter les mauvaises suprises, un éleveur novice ne devrait pas y recourir sans avoir reçu l'appui d'autres éleveurs plus expérimentés et plus informés que lui.


Conclusion :

Je sais que je ne serais pas toujours en mesure de garantir la santé des souris nées chez moi, parceque je ne connaîtrais pas toujours parfaitement bien l'historique sanitaire de mes petites protégées (il reste souvent des parts d'ombre dans les pédigrées de nos souris domestiques).
De toute façon, la souris parfaitement saine n'existe pas, tout simplement parce que ce sont des êtres vivants et les êtres vivants développent des maladies. Les souris sont particulièrement sujettes aux tumeurs et aux troubles respiratoires par exemple. Cependant je ferais mon maximum pour sélectionner des reproducteurs présentant une bonne santé pour espérer retrouver cette caractéristique chez leurs petits.
Je vais devoir travailler pour améliorer les choses, alors je prendrais les précautions qui s'imposent pour limiter au maximum les risques. Je n'hésiterai pas à me documenter et à rechercher des conseils auprès de gens maîtrisant bien des domaines précis.

Je suis cependant en mesure de promettre des souris élevées dans de bonnes conditions, bien manipulées et bien soignées.

Tout ce que j'espère, c'est que plus de particuliers et d'éleveurs s'intéressent aux "nues" : hairless, fuzz, toutes ces petites dépoilées aux bouilles d'extra-terrestre.